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Alger, décrite par des poètes, artistes et peintres.

Européens pour la plupart (hollandais, italiens, français, anglais), ils sont écrivains, artistes, peintres, poètes, militaires. Ils ont découvert, émerveillés, au hasard d’un voyage, d’une conquête, une ville et un peuple. Et ce fut le choc.

Ils ont exprimé spontanément avec leurs outils respectifs, leurs sentiments et nous ont renvoyé objectivement, sans préjugés et sans concessions, une image vraie de ce qu’était Alger en cette première moitié du XIXe siècle : ses monuments, ses habitations, son urbanisme, la beauté du site, la civilisation de ses habitants.

Allant souvent à contre-courant des préjugés établis, des discours officiels, volontairement belliqueux et méprisants, ils ont rétabli une certaine vérité.

Ecoutons-les, attardons-nous sur leurs écrits et apprécions la justesse de ce que le décalage du temps ne fait que renforcer.

J.Bardoux: La vie d’un Consul auprés de la Régence d’Alger (1824).

“Convenons avec M. Broughton que l’Algérie de la Régence était une cité pittoresque à l’excès, et toute ramassée … et si blanche !”

Le port se creusait entre les îlots d’où El-Djazaïr (devenue Alger) tira son nom. Sur le plus important, une grosse tour ronde, munie d’un fanal, occupait la place de l’ancien Peñon, “cette épine plantée au cœur des algériens”, d’où Kheireddine eut tant de peine à chasser les espagnols en 1529. Bâties sur des rochers à pic contre lesquels déferlait la vague, les mosquées trempaient leurs pieds dans l’eau. Puis, en forme de voile de perroquet s’amincissant par le haut, les maisons s’étageaient les unes au-dessus des autres, toutes cubiques, comme les loges d’un amphithéâtre, et par-dessus leur masse immaculée, au sommet de la voile, s’élevait l’ensemble de murs et d’édifices qu’on nomme la Citadelle, ou Casbah, et qui ont pris la couleur modérée d’un gâteau de miel.

La beauté du site rehaussée par une éclatante verdure, la vivacité des contrastes, l’aspect de tant de choses inconnues, tout contribuait alors, comme aujourd’hui à un effet instantané et magnifique.

A y regarder de plus près, le nouveau-venu (plaçons-nous en 1806), se sentait remué et attendri d’une toute autre façon. Les maisons étaient tellement serrées les unes contre les autres que la ville fut comparée à une pomme de pin, urbanisme éminemment propice à développer les épidémies orientales. Une seule rue, digne de ce nom, rendue plus étroite encore par le concours d’une population musulmane, juive, chrétienne, bariolée de tant de peaux différentes et de costumes hétéroclites, au milieu d’une confusion de chevaux, de mulets, d’ânes et de chameaux, traversait ce labyrinthe du nord au sud pour aboutir aux deux portes principales de Bab El-Oued et de Bab-Azzoun, percées dans les murailles.

Tels étaient quelques uns des moindres inconvénients qui versaient leur ombre sur les splendeurs d’El-Djazaïr aux cent mosquées et aux fontaines sans nombre.

Extrait du guide d’Alger.

 

 

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