Le moins que l’on puisse dire est que ce palace situé en plein cœur d’Alger a eu une vie diurne et nocturne, bien mouvementée. Esthétiquement influencé par le mouvement ‘’Art déco’’ des années 20, ses concepteurs Joachim Richard et Auguste Bluysen, ‘’architectes avant-gardistes’’ ont voulu se distinguer de la tendance néoclassique et de la tradition néomauresque, qui prévalait à l’époque. C’est ainsi qu’en 1930 est sorti des entrailles de la terre, à la rue Alfred-Leluch, un édifice, défiant le regard vague et humide de la mer. Ce bâtiment ‘’art déco’’ est venu doter le centre-ville d’Alger de son premier hôtel urbain. À son inauguration en grande pompe en 1932, tout le gratin d’Alger, y entrevoyait enfin, le centre de la vie mondaine algéroise. Dès son ouverture, l’hôtel Aletti a eu l’infime honneur d’offrir l’hospitalité à celui qui a fait pleurer de rire, le monde entier, le célébrissime Charlie Chaplin. Grâce à son charme fou, l’Aletti a mis dans son escarcelle, bon nombre de personnalités, tous domaines confondus. Le politicien britannique Winston Churchill, la Princesse Caroline de Monaco, le Prince Albert Ier, Fidel Castro, Che Guevara, le roi Hassan II, Djamel Abdenasser, François Mitterrand et Jacques Chirac, en qualité de ministres, Georges Brassens, Charles Aznavour et tant d’autres femmes et hommes de renoms. Ce palace se rappelle aussi avoir abrité la commission mixte de l’armistice germano-italienne (1940- 1942).
Résolument urbain !
En 1984, l’hôtel Aletti a été baptisé Es-Safir. Mais, le changement de nom n’a pas été suivi de transformations notables, en termes de rénovation. Ce n’est que longtemps après, à l’âge de 75 ans, en 2005, que l’hôtel s’est vu s’offrir une cure de rajeunissement, avant d’accueillir honorablement des journalistes internationaux, à l’occasion du sommet de la ligue des Etats arabes.
Sabrinel.